Alexandre Carel : “Le partage est vraiment un moment clé, c’est là que tout prend sens”
Alexandre Carel, son nom est devenu indissociable de la scène rap francophone en seulement 1 an. Photographe et réalisateur à 19 ans, il a déjà accompli le rêve de beaucoup en shootant les plus grands rappeurs actuels. Son dernier gros projet en date la cover de l’album “Château Noir” de Kaaris.
Comment es-tu arrivé à la photographie ?
Tout a été très naturel, la passion s’est installée petit à petit, je ne me prédestinais pas à ça, mais cela a été un heureux hasard. J’ai fini par y prendre goût, c’est ainsi que tout s’est lancé, d’abord en prenant en photo des amis, de la famille, des paysages puis au fur et à mesure j’ai commencé à prendre de plus en plus de portraits et cela est devenu plus sérieux. Je m’impliquais et prenais davantage de plaisir à développer mes compétences, ce plaisir que je prenais était l’indice que cette pratique me convenait.
Quel a été l’élément déclencheur ?
Le clip “Juice” avec Jok’air et Jazzy Bazz a été mon premier pas dans l’industrie musicale, mon frère était figurant, l’accès au backstage m’a donc été possible. Les photos et mon travail ont plu, c’est ainsi qu’ils m’ont recontacté pour le clip de “Bonbon à la menthe” de Jok’air, mais cette fois de manière officielle. Tout est allé très vite, de fil en aiguille, j’ai rencontré des professionnels : des stylistes, des producteurs, des managers…etc
Qu’est-ce que tu préfères dans la photo ? (le moment avec le sujet, innover, shooter, éditer…)
Le partage est vraiment un moment clé, c’est là que tout prend sens dans mon travail. Je peux avoir un réel échange avec les gens qui me suivent, je vais pouvoir interagir, récolter différentes opinions. C’est cette interaction qui est importante, je ne fais pas des photos pour les garder, mon but, c’est de les partager.
Quelle est ta façon de travailler ?
J’ai la chance de pouvoir travailler sur des projets passionnants, qui colle avec ma personnalité et mon univers, ce qui m’offre un panel assez large au niveau artistique. Chaque shooting est traité de manière différente, c’est un mix entre l’univers musical, l’artiste et ma vision personnelle, il faut trouver ce juste équilibre. Par exemple, pour la cover de Kaaris pour intégrer mon style au projet, j’ai utilisé un objectif grand-angle, mon indispensable. Après, il faut savoir être polyvalent et faire face à toutes les situations, comme pour mon dernier shooting avec Booba, je savais que je n’allais pas pouvoir utiliser l’espace de la même manière car il est beaucoup sollicité. Je me suis donc adapté et je n’ai pas utilisé le grand-angle.
T’imprègnes-tu de l’univers musical de l’artiste avant de travailler avec ?
Évidemment tout un travail en amont est fait en ce qui concerne les types de plans à privilégier, les compositions envisageables ainsi que les goûts de l’artiste. Je me renseigne soit par rapport aux photos déjà existantes sur leurs réseaux sociaux, soit par rapport aux anciennes collaborations que j’ai pu avoir avec certains et dans ce cas-là, je connais leurs attentes.
Quels appareils utilises-tu ? Comment tu fonctionnes en shoot ?
Mon matériel : Sony a 7 iii + 24mm 1.4+ 35mm 1.4 et un 70-180 2.8
Quand j’ai commencé, j’étais intimidé, en retrait par rapport aux artistes, il y avait cette réelle volonté de respecter les artistes et leurs espaces. Maintenant, j’aborde les artistes de manière différente, j’ai une meilleure connaissance du milieu, je me sens plus légitime, je connais plus les personnalités, leur systèmes de fonctionnement et donc je peux appréhender le moment plus opportun pour prendre des photos. J’aime néanmoins capter les petits moments où le caractère de l’artiste ressort, les regards, les détails qui peuvent passer inaperçus sur les moments d’effervescence.
Est-ce difficile de mélanger l’industrie musicale et la photographie ?
Je pense que c’est tout le contraire, ce n’est pas difficile de mélanger l’industrie musicale et la photo parce que dans cet univers il y a des décors, du style, des attitudes, du maquillage, il y a plein d’éléments qui te sont offerts pour composer. C’est un monde qui propose tellement d’inspiration, de nouveauté, on ne s’ennuie jamais.
Quelles sont tes photos favorites ? Ou les plus percutantes à ton avis ?
En premier c‘est une photo qui à mes yeux est la plus artistique, la plus spontanée, j’ai tout composé en m’inspirant du moment vécu : il n’y a pas de décor. Le flou artistique offre cet aspect hasardeux au résultat, cela rajoute de la profondeur et du mouvement à la photo, le tout complété avec la pose de Frenetik.
La deuxième est une photo de Freeze Corleone & Koba Lad lors du tournage du clip “7 sur 7”, elle est l’exemple typique d’une composition parfaite autant dans le décor, que dans le feat, la lumière et l’attitude. Tout est vraiment en adéquation, c’est ce qui rend ce résultat aussi harmonieux.
La dernière correspond à un accomplissement, une évolution : c’est ma première cover d’album, ma première expérience dans la direction d’un shooting aussi important puis parce que c’est la cover d’un artiste reconnu et impliqué dans son image : Kaaris. Ce shooting a été une réelle expérience, j’ai énormément appris.
Quelle importance ont les réseaux sociaux sur ton métier aujourd’hui ? (Visibilité, communication, lien avec les artistes, le public ? )
Les réseaux sociaux sont primordiaux, ce lien, ses rencontres, ses opportunités. Les réseaux sociaux sont la vitrine de mon travail, mon musée en quelque sorte. Les gens qui me suivent m’apportent un éclairage, du soutien, ils m’ont permis d’atteindre ce que mon travail représente aujourd’hui.
Quel est le ou les artiste(s) avec lequel(s) tu aimerais collaborer ?
J’aimerais vraiment collaborer avec Nekfeu, c’est un artiste que j’écoute beaucoup, j’aime bien ce côté exclusif. Je trouve qu’il a des idées et des projets réfléchis, excitants et complexes qui mériteraient d’être mis en images.
Quelles sont tes inspirations/influences artistiques ?
C’est principalement des artistes rap et photos. Pour mes inspirations Rap, je dirais sûrement Josman et son réalisateur/directeur artistique Marius Gonzales. Puis pour la photo, Jonathan Bertin un photographe que je suis depuis quelque temps qui a été une belle inspiration dans le sens où il m’a donné envie de faire de la photo, à continuer et à persévérer.
Quels sont tes projets pour le futur ?
J’ai fait beaucoup de photos, je vais continuer, mais j’ai envie de m’émanciper un peu plus vers la réalisation d’abord de clip et puis peut-être vers la réalisation de film. La photo m’a vraiment donné les bases : contacts, cadrage, lumières pour la vidéo… Maintenant à moi de mettre tout ça à profit et de toujours continuer à créer.
Suivez le travail d’Alexandre Carel sur Instagram.
Propos recueillis par Kiara Payet Descombes
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